Les informations réunies dans le présent Mémorial ont été rassemblées par l'Association des Anciens Élèves de l'École navale (AEN) dans le but de présenter une synthèse des différents renseignements disponibles à ce jour sur ce sujet. Cette synthèse est la propriété de l'Association et le Code de la propriété intellectuelle en interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective.
Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle de ces documents faite par quelque procédé que ce soit sans le consentement formellement exprimé de l'auteur ou de ses ayants cause, est illégale et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. (loi n° 2007-1544 du 29 octobre 2007 - art. 41 - JORF du 30 octobre 2007)

PRÉSENTATION DU MÉMORIAL

Jusqu'à ces dernières années, il n'existait pas de monument qui rappelle aux jeunes générations d'officiers de Marine le souvenir de tous leurs aînés morts pour la France ou morts dans l'accomplissement de leur devoir depuis 1830, année où fut instituée l'École navale.

C'est pourquoi, en 1990, une commission de l'Association des anciens élèves de l'École navale (AEN), présidée par l'amiral Brac de La Perrière et animée par le capitaine de vaisseau Quéguiner, a conçu et réalisé le projet du "Mémorial des officiers de Marine" qui a pour but de rendre hommage aux officiers de Marine morts pour la France dans les opérations de guerre ou décédés dans l'accomplissement de leur devoir depuis 1830.

Cette formulation appelle quelques commentaires :

Depuis 1830...
L'année 1830 est celle de la création de l'École navale à Brest. Jusqu'en 1914, l'École fut embarquée sur un vaisseau mouillé en rade, d'abord l'Orion, puis trois anciens vaisseaux tour à tour rebaptisés Borda et enfin le Duguay-Trouin en 1913-1914. Après la guerre de 1914-1918, elle fut définitivement installée à terre, d'abord à Laninon, puis en 1936 sur le plateau des Quatre Pompes et, après la seconde guerre mondiale, à Lanvéoc-Poulmic. Pendant les deux guerres mondiales, elle connut diverses implantations.

Les officiers de Marine...
Les officiers dont les noms figurent au Mémorial sont les officiers de Marine qui ont fait leur carrière dans la Marine nationale ; ils peuvent être issus de l'École navale ou des cours dispensés en son sein, ingénieurs mécaniciens, anciens élèves de l'École polytechnique, officiers des équipages, officiers de réserve de toutes origines (grandes écoles, marine marchande, contingent...), officiers auxiliaires, ou provenir d'une autre armée.
Les autres corps d'officiers de la Marine qui ont constitué leur propre mémorial ne sont donc pas cités ici. Toutefois, lorsque les noms de ces officiers ont été trouvés dans les dossiers d'un bâtiment, ils ont été cités à la suite des autres membres de l'état-major de ce bâtiment.

Morts pour la France...
Cette mention n'apparaît dans les textes officiels qu'en 1914. Antérieurement à cette date d'autres formulations, telles que "tué au combat" ou "tué à l'ennemi", furent utilisées.
A partir de 1915, la mention "Mort pour la France" a été décernée selon des critères précis fixés par la loi du 2 juillet 1915 puis par l'ordonnance du 2 novembre 1945. Elle concerne essentiellement le décès du titulaire en temps de guerre et dans une unité armée, que ce décès soit la conséquence directe d'une opération de guerre ou qu'il soit lié à l'affectation du titulaire dans cette unité. Cette mention traduit implicitement la reconnaissance de la Nation pour celui qui a été tué au combat.

Morts dans l'accomplissement de leur devoir...
Cette mention concerne les officiers morts ou disparus en temps de paix ou en l'absence d'hostilités déclarées, au cours d'une mission consistant en l'essai d'un matériel, pendant un exercice ou à l'entraînement. Elle s'apparente aux autres mentions également utilisées : "Mort en service" et "Mort en service commandé".

COMPOSITION DU MÉMORIAL

Le Mémorial est constitué de quatre entités :

Le monument
C'est une sobre stèle en granit de Bretagne portant l'inscription "IN MEMORIAM", érigée sur l'esplanade de l'École navale, face à la mer entre la tour de commandement et le mât de pavillon.

La crypte du souvenir
Dans cette crypte, située sous le grand hall Neptune de l'École navale, sont rassemblés dans une atmosphère rappelant celle d'une passerelle de navigation la nuit et sous les plis des deux drapeaux de l'École navale et de l'École militaire de la Flotte, les noms des quelque 1700 officiers du Mémorial, gravés sur huit panneaux lumineux et regroupés en sept périodes historiques :

I : de 1830 à 1914 (264 noms),
II : la première guerre mondiale de 1914 -1918 (376 noms),
III : de 1919 à 1939 (127 noms),
IV : la seconde guerre mondiale de 1939-1945 (519 noms),
V : les opérations en Indochine (90 noms),
VI : les opérations en Afrique du Nord et à Suez (38 noms),
VII : depuis 1945 en dehors de ces deux derniers conflits (272 noms).

Les fiches biographiques des officiers
Dans la crypte sont déposées les fiches biographiques établies pour chaque officier du Mémorial et rassemblées en plusieurs volumes correspondant aux mêmes périodes.
Ces documents sont également conservés dans les divers sites "Marine" du Service historique de la Défense et au siège de l'AEN.
Chaque fiche comporte en première page une rubrique d'état civil, un texte qui relate les circonstances du décès et le cas échéant les citations et décorations décernées après le décès.
Dans les pages suivantes, la carrière de l'officier est résumée sous forme de tableaux : brevets ou certificats, avancement, commandements, affectations. Dans une dernière rubrique figurent des informations complémentaires et des références relatives à la carrière et au décès.
Le niveau de précision ou de détail peut varier beaucoup d'une fiche à l'autre en raison des difficultés rencontrées dans la collecte des informations. En dépit du soin apporté par les rédacteurs, des oublis et même des erreurs peuvent subsister. En particulier, certains de nos camarades peuvent avoir été oubliés parce qu'ils avaient seulement pris passage ou été mis en subsistance à bord d'un navire disparu sans être inscrits sur son rôle d'équipage.
L'AEN recevra avec reconnaissance toutes les propositions d'améliorations qui lui seront soumises.

Le site internet
Le présent site reproduit l'intégralité des pages de présentation et des fiches biographiques

LES PARTICIPANTS

COMMISSION DU MÉMORIAL
François Bellec (EN 54), Jean-Pierre Beauvois (EN 61), Rémy Bertrand, Christian Brac de La Perrière (EN 45), Jean Cochevelou (EN 56), Rémi Lechaptois (EN 47), Jean Quéguiner (EN 39), M. Romanteau, M. Roudaut, Jean Tupet, M Van Haudenargue

RÉDACTION DES FICHES INDIVIDUELLES
Philippe Beau (EN 45), Pascal Cognet (R 60), Alain Coudel (R 56), Jean Dubray (R 49), Serge Escoubet (EN 47), Bernard Fontaine (R 54), Xavier de Goüyon-Matignon (EN 42), Philippe Hamard (R 50), Rémi Lechaptois (EN 47), Bertrand Magnier (R 57), M. Magnin, Michel Martin (R 54), Jean Quéguiner (EN 39), François Riou, Jean Tupet (EOE 68), Gilles Vallette (EN 45), Pierre Vitrier (R 56)
Matelots Boesnard, Brouard, Chauchois, Claude et Lorin.

MISE À JOUR 2002-2003
Philippe Beau (EN 45), Jacques Blanc (EN 55), Jean Cotoni (EN 39), Pascal Cognet (R 60), Jacques Favreul (EN 52), Robert Feuilloy (EN 64), Philippe Ghesquière (EN 47), Xavier de Goüyon-Matignon (EN 42), Bernard Lugan (EN 53), Bertrand Magnier (R 57), Gilles Mattera (EN 66), Nicole Monnier (Associée EN 56), Lucien Morareau, Yves Ploux (EN 54).

CRÉATION DU SITE INTERNET
Karim Lahmaidi (EN 98), puis Jean-Pierre Jammes, Jean-Louis Pourailly et François Riou

LA MENTION "MORT POUR LA FRANCE"

1. Extrait de la loi du 2 juillet 1915 (utilisée jusqu'à son abrogation par l'ordonnance du 2 novembre 1945)

Article premier
L'acte de décès d'un militaire de l'armée de terre ou de mer tué à l'ennemi ou mort des suites de ses blessures ou d'une maladie contractée sur le champ de bataille..., de tout civil tué par l'ennemi, soit comme otage soit dans l'exercice de fonctions publiques électives, administratives ou judiciaires, ou à leur occasion, devra, sur avis de l'autorité militaire, contenir la mention "Mort pour la France"

2. Extraits de l'ordonnance n° 45-2717 du 2 novembre 1945 relative aux actes de décès des militaires et civils morts pour la France

Article premier
Doit sur l'avis des autorités visées (Ministres de la Justice, de la Guerre, de la Marine, des Colonies, de l'Intérieur, du Travail, de la Sécurité sociale) porter la mention "Mort pour la France" tout acte de décès :
1- d'un militaire des armées de Terre, de Mer ou de l'Air tué à l'ennemi ou mort de blessures de guerre,
2- d'un militaire mort de maladie contractée en service commandé en temps de guerre,
3- d'un militaire mort d'accident survenu en service ou à l'occasion du service en temps de guerre,
4- d'un marin du commerce victime d'événements de guerre,
5- (-----)
6- de toute personne décédée en combattant pour la libération de la France ou en accomplissant des actes de résistance,
7- (---)
8- de tout otage, tout prisonnier de guerre, toute personne requise par l'ennemi, tout déporté, exécutés par l'ennemi ou décédés en pays ennemi ou occupé par l'ennemi des suites de ses blessures, de mauvais traitements, de maladies contractées ou aggravées du fait de leur captivité ou de leur déportation.
L'autorité compétente pour donner l'avis favorable susvisé est suivant le cas :
- le ministre de la Guerre
- le ministre de la Marine
- le ministre de l'Air
- le ministre chargé de la Marine marchande

Article 3
L'avis favorable ne peut être donné pour les personnes décédées au service de l'ennemi ou en luttant contre les forces françaises de libération ou au cours d'un travail volontaire à l'étranger pour le compte de l'ennemi. Toutefois, il peut être donné, dans les cas exceptionnels, notamment dans les colonies et les pays sous protectorat ou sous mandat, s'il est démontré qu'elles ont cru de bonne foi donner leur vie pour la défense de la patrie.
(---------------------)

Article 4
Lorsque pour un motif quelconque la mention "Mort pour la France" n'a pu être inscrite sur l'acte de décès au moment de la rédaction de celui-ci, elle est ajoutée ultérieurement dès que les circonstances et les éléments nécessaires de justification le permettent

Article 5
Les lois des 2 juillet 1915 et du 23 février 1922 relatives à la mention "Mort pour la France" sont abrogées

Article 6
La présente ordonnance est valable pour tous les actes de l'état civil dressés ou transcrits depuis le 2 septembre 1939.

PRINCIPALES SOURCES D'INFORMATION

Les informations nécessaires à la rédaction des fiches individuelles proviennent notamment des sources suivantes :

- d'abord l'annuaire de l'AEN, qui ne s'intéresse qu'aux anciens élèves de l'École navale, mais il faut noter que ceux-ci représentent plus des deux tiers des officiers cités dans le mémorial (1197 sur 1683),

- deux fichiers du Service historique de la Marine :
*le premier contient quelques milliers de fiches et concerne tous les marins morts pendant leur état militaire. Il a fallu y rechercher les officiers et parmi eux ceux qui étaient morts pour la France,
*le deuxième concerne tous les officiers décédés, et pour les marins ceux dont le décès est imputable à leur mission. Ce fichier donne l'état civil et la référence du dossier individuel de chaque intéressé.

- les dossiers individuels des officiers, qui ont permis de préciser leur état civil et leur carrière, mais très rarement les circonstances de leur mort,

- les dossiers des diverses unités en cause. En effet, dans les combats à terre, il est relativement facile de discerner les actions individuelles, et cela se retrouve en général dans les citations. Mais les actions en mer sont le plus souvent collectives et à part quelques cas particuliers, nous avons dû nous contenter de la description générale de l'action telle qu'elle figure dans le dossier de l'unité,

- la collection des Journaux officiels,

- les archives de l'Association pour la recherche de la documentation sur l'histoire de l'Aéronautique navale (ARDHAN), qui ont fourni de précieux renseignements pour les officiers de l'aéronautique navale,

- les livres d'or, en particulier celui du LV Delpeuc'h qui couvre l'histoire jusqu'en 1905, qui est assez complet et qui remonte au XIIIe siècle, et également le Livre d'or de la guerre 1914-1918 qui est plus complet pour cette période et qui ajoute un résumé des combats à la liste des décès.

- enfin, les manuels d'histoire et les divers recueils de mémoires collectifs ou individuels.

Il reste cependant un domaine dans lequel les informations ont été très limitées : c'est celui de la Marine marchande dont les officiers, le plus souvent officiers de réserve de la Marine nationale, étaient mobilisés à bord de leurs bateaux et pour lesquels nous n'avons pratiquement disposé d'aucun document d'archive.