MÉMORIAL DES OFFICIERS DE MARINE

 

 

 

  DEMOTES-MAINARD Jacques, Marie, Marc

Naissance : 24/03/1912 à Brest (Finistère)
Entré en service : 01/10/1931
Origine : École navale

  Informations relatives au décès

Grade : Enseigne de vaisseau de 1ère classe
Affectation : Cuirassé Bretagne
Fonction : Chef du Poste Central de 340
Date : 03/07/1940     Age : 28 ans
Lieu : Mers-el-Kebir (Algérie)

  Références :

Jugement déclaratif de décès rendu par le tribunal civil de Toulon le 2 octobre 1941 et transcrit sur le registre d'état civil de Toulouse.


  MORT POUR LA FRANCE EN OPÉRATIONS

  Circonstances du décès

Depuis l'entrée en vigueur de l'Armistice le 25 juin 1940, la Flotte de l'Atlantique sous les ordres de l'amiral Gensoul était immobilisée dans les ports d'Algérie et la démobilisation des réservistes était commencée. Les bâtiments de ligne Dunkerque, portant la marque de l'amiral, et Strasbourg, les cuirassés Provence et Bretagne, six contre-torpilleurs ainsi que le transport d'aviation Commandant Teste étaient au mouillage de Mers-el-Kebir.
Le 3 juillet à l'aube, l'escadre britannique de l'amiral Somerville apparut au large de ce port. Sur l'ordre de Winston Churchill un ultimatum fut adressé à l'amiral français lui imposant de se joindre à cette force ou d'appareiller sous escorte britannique soit vers un port anglais, soit vers les Antilles ou les États-Unis. Si, dans un délai de six heures, il n'acceptait aucune de ces dispositions, ses bâtiments devaient être sabordés, faute de quoi ils seraient détruits.
Après avoir fait reporter l'instant d'expiration de l'ultimatum, l'amiral Gensoul refusa d'obtempérer car il ne croyait pas à la menace de destruction. A 16 h 56, au moment où il se déterminait à ordonner l'appareillage, les premières salves britanniques encadrèrent nos bâtiments qui commençaient leur manœuvre pour tenter de sortir l'un après l'autre dans l'ordre prévu.
À partir de 16 h 59, sa dernière aussière larguée, la Bretagne fut atteinte par plusieurs projectiles de gros calibre qui explosèrent sur l'arrière, provoquant l'incendie de munitions et l'explosion de chaudières, déchirant le blindage sous la flottaison. Très vite la moitié du bâtiment fut en feu. Après avoir en vain tenté l'échouage, le commandant ordonna l'évacuation, mais à 17 h 09, en quelques secondes le cuirassé chavira brutalement à quelque cent mètres de la jetée, emprisonnant de nombreux hommes qui périrent dans la coque retournée, certains ayant encore donné signe de vie pendant deux jours
Sur les 1 270 hommes de la Bretagne, 1 012 moururent ou furent portés disparus.


  Citations & Décorations

L'enseigne de vaisseau Demotes-Mainard a reçu la citation suivante à l'ordre de l'armée de Mer :
"Officier d'une très haute valeur militaire et morale. Chef du poste central de la Bretagne pendant l'engagement du 3 juillet 1940, le bâtiment atteint sévèrement et sur le point de sombrer en flammes, a, par son magnifique exemple de calme et de sang-froid, maintenu un ordre parfait dans le personnel du poste central qu'il a fait évacuer avec méthode, après en avoir reçu l'ordre, et dont une grande partie a pu être sauvée grâce à cette discipline. A disparu avec son bâtiment."
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de guerre avec palme.

Par décret du 24 juillet 1944 (JO du 1er août 1944), il a été nommé chevalier de la Légion d'honneur.

           Avancement

01/10/1932    Asp.
01/10/1933    EV 2
01/10/1935    EV 1

        Brevets, Certificats

1938   Officier canonnier

        Commandements

    Néant

           Affectations

1931-1933   École navale    Brest (Laninon)
1933-1934   Croiseur Jeanne d'Arc    École d\'application des enseignes de vaisseau
1934-1936   Aviso colonial D'Entrecasteaux    Station navale de l\'Atlantique / Brest
1937   Contre-torpilleur Le Malin    Escadre de l\'Atlantique / Brest
1938   École des officiers canonniers    Toulon
1939-1940   Cuirassé Bretagne    Flotte de l\'Atlantique


  Autres informations

Après avoir dirigé dans le calme l'évacuation des 90 hommes du PC artillerie dont il était le chef et s'être assuré qu'ils étaient parvenus , malgré la gîte croissante, à sortir jusqu'au dernier, l'enseigne de vaisseau Demotes-Mainard disparut au moment du chavirement.

Par une lettre adressée à l'amiral Demotes-Mainard, son père, par l'enseigne de vaisseau Le Brusque (EN 32), adjoint distance dans le PC de 340 et rescapé, nous avons les détails des derniers instants de l'EV Demotes-Mainard, qui dirigeait ce Poste Central :
"Je montai seul et vers 17 heures, je descendis pour permettre à Jacques de monter à son tour prendre l'air. Nous étions tous très calmes...Le second-maître canonnier annonça soudain "Attention tourelle 5, larguez derrière", la tourelle servant de relais. Dans les dix secondes qui suivirent nous entendîmes un vrombissement formidable, suivi d'un choc très dur. Au premier choc, tout l'armement du PC se leva, mais Jacques très calme dit seulement "Assis", ce qui fut fait...Il reçut alors l'ordre d'évacuation : "Rapidement les petits, mais en ordre". Il me cria ensuite "Dis donc, il n'y a plus personne ? - Non "- et nous montons chacun par une échelle. Il faisait très noir ; arrivés sur l'avant, il dit : "F..tez vous à l'eau" et retourna vers les derniers hommes qui erraient.
J'ai appris par un second-maître qu'il avait glissé sur le plancher presque vertical. Je crois pouvoir assurer qu'il est mort noyé car notre bateau a coulé comme une pierre."


Date de mise à jour de la fiche :  01/01/2013


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